La fontaine de Saint-Maurice

Photo du site « Fontaines de France »

Le hameau de Saint-Maurice

La fontaine de Saint-Maurice est située dans le hameau du même nom, en contrebas de Saint-Robert, sur l’ancienne route d’Ayen. Le lieu doit son nom à la présence, dans sa chapelle, de reliques du copte Maurice d’Agaune, originaire de Thèbes (Haute Egypte), qui aurait été martyrisé sous l’empereur Dioclétien au début du IVe siècle. Il est généralement représenté en habits de soldat, comme le montre cette statue figurant dans l’église de Saint-Robert où sont désormais conservées ses reliques.

Saint-Maurice fut une paroisse indépendante jusqu’en 1790, où il fut rattaché à Saint-Robert. Comptant alors une centaine d’habitants, il n’est aujourd’hui constitué que d’une dizaine d’habitations.

Néanmoins, ce hameau est riche d’un passé glorieux. Il abrita jadis une commanderie d’hospitaliers, dont il subsiste quelques vestiges, notamment deux belles arches, et surtout une fontaine « miraculeuse »

Une fontaine guérisseuse

La fontaine est aujourd’hui enchassée dans un édifice largement remanié au XIXe siècle et au début du XXe siècle (le « sarcophage » est de facture récente). Située à environ 600 m de l’église de Saint-Robert, on peut y accéder à pied, depuis le centre du bourg, ou en voiture, à partir de la Route d’Ayen. Attention, le carrefour est situé sur une section de route très pendue.

La fontaine de Saint-Maurice fait encore l’objet d’une procession, chaque année, avant la messe du 15 aout. Mais par le passé, elle attirait les foules, car sa réputation s’étendait bien au-delà de la région. La gare voisine de Segonzac accueillait régulièrement des voyageurs venus parfois de loin invoquer ses bienfaits.

Selon la tradition, la fontaine guérirait les enfants malades, chétifs, ou rachitiques. Le rituel consistait à déshabiller l’enfant, puis à le laver avec l’eau de la source. Afin d’éloigner le mal, on laissait sur place les habits qu’il portait et on le vétissait de neuf.

Lorsque l’enfant ne pouvait se déplacer, on envoyait quelqu’un acheter de l’eau « miraculeuse » pour effectuer le rituel à distance. Ce commerce lucratif contribuait aux revenus de la famille qui, à l’époque, possédait la fontaine. Au XVIIIsiècle, un procès eut même lieu entre les propriétaires du terrain où se trouve la dite fontaine et le propriétaire du terrain situé en contrebas, où l’eau s’écoule en surface. 

Des témoigages vécus de guérisons d’enfants chétifs circulent encore aujourd’hui.

Mythes et légendes

L’eau de la source de Saint-Maurice avait également pour réputation d’aider à bien vieillir. Ce ne sont pas les nonagénaires et centenaires du village qui le contrediront !

Une autre légende circule autour de ce lieu : un jour, un habitant se serait jeté dans un puits du village et serait ressorti vivant à la fontaine de Saint-Maurice, en bas de la colline. Si elle a une base véridique, cette légende pourrait suggérer l’existence d’un rivière et d’une galerie souterraines, ce qui est très plausible compte-tenu du sous-sol calcaire de Saint-Robert et de l’existence de grottes à proximité.

Une étrange statue équestre

 

On peut observer, sur le mur de fond de l’édifice abritant la source, une étrange statue représentant la tête d’un cheval surmontant sa croupe. On suppose qu’il pourrait s’agir des vestiges d’une ancienne statue équestre de Saint-Maurice.

 

 

Voici ce qu’en dit Victor Forot en 1921 :

Il y avait autrefois, paraît-il, dans la petite grotte ce d’où sort l’eau de Saint-Maurice une statuette en pierre de ce saint et la tête en relief de son cheval se détachant sur les parois. » J’ai visité naguère cette fontaine qui n’est pas une grotte, mais une simple excavation maçonnée à environ un mètre au-dessous du sol et voûtée à un mètre au-dessus. J’y ai vu la statuette et la tête du cheval, mais la première ne représente pas Saint Maurice, comme nous allons le voir. Elle est revêtue d’une robe recouverte par une aube, et le saint, qui est debout, mesure 0 m 90 de hauteur. Il a les pieds chaussés, la tête nue et auréolée à plat par derrière. La face bien ciselée est à longue barbe pointue. — Il tient, appuyé sur sa poitrine de la main gauche, un médaillon rond sur lequel est sculpté, en bas-relief, un agneau couché, qu’il montre de l’index de sa main droite. L’artiste, auteur de cette statue, a certainement voulu représenter Saint Jean. Et d’ailleurs la facture de cette petite oeuvre marque la fin du XVe siècle ou le commencement du XVIe, époque où les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem faisaient reconstruire leur église de Saint-Maurice, d’où provient probablement la statue. La tête du cheval existe aussi, enchâssée dans le mur du fond de la fontaine. C’est un débris de statue qui est curieusement placé au-dessus de la croupe dodue d’un cheval qui, comme la tête, sort de la muraille. — La queue du cheval a été brisée et cette tête placée immédiatement sur la croupe est d’un effet assez comique. Cette tête, de très bonne facture est ornée du mors, de la bride, du frontal et autres accessoires qui permettent, par leur dessin, d’attribuer une date précise à ce travail de sculpture : le XVIe siècle.


Quelques vestiges de la commanderie

 

           

            

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